mercredi 23 avril 2008

(La Valse aux Adieux) (Milan Kundera)

Ma dernière lecture: La Valse aux Adieux, de Milan Kundera.

C'est mon premier Kundera. Et je l'ai adoré. Quand je l'ai acheté sur un coup de tête, je l'ai fait parce que le titre, un peu lyrique, un peu dramatique m'attirait. Pourtant, je savais de Kundera qu'il disait du kitsh qu'il était la négation absolue de la "merde", et de ce fait, le titre lyrique formait un paradoxe avec cette image-là. J'ai découvert plus tard que les premières oeuvres de Kundera sont des recueils de poèmes lyriques (comme quoi, l'ampoulé, ça se soigne), ceci expliquant cela.

Evidemment, La Valse aux Adieux n'a, textuellement, rien de lyrique. Mais finalement, dans le message, il l'est un peu, d'un lyrisme sombre, sans espoir.

Kundera plante pour unique décor "une ville des eaux au charme suranné", en Tchécoslovaquie (son pays). En soit, cela parait agréable. Et pourtant, le roman est sombre et d'un cynisme glaçant malgré le ton très vaudeville. Histoires sordides de rencontres, de tromperies, de grossesse, histoires banales de gens banaux, histoires terribles de gens qui pensent trop.

Deux thèmes se dégagent de l'oeuvre: la procréation, et la mort. Le tout est ponctué de réflexions personnelles de Kundera sur l'amour, sur le socialisme et sa crise, sur la raison de vivre, parce qu'ils y sont liés. Pour Kundera, avoir des enfants, c'est décider que la vie est satisfaisante, et que de ce fait, elle vaut que l'on se multiplie. C'est donc la raison de vivre, la raison d'être qui motive la procréation, et la société veut qu'elle naisse de l'amour. Et tout ce qui naît meurt.

Quant à la mort... Kundera en a une vision tellement nihiliste qu'il la banalise, la désincarne, tout en sacralisant la mort de soi-même.

"De même que l'amour nous fait trouver plus belle la femme aimée, l'angoisse que nous inspire une femme redoutée donne un relief démesuré au moindre défaut de ses traits..."

"Avoir un enfant, c'est manifester un accord absolu avec l'homme. Si j'ai un enfant, c'est comme si je disais : je suis né, j'ai goûté à la vie et j'ai constaté qu'elle est si bonne qu'elle mérite d'être multipliée."

"Les choses essentielles se produisent en ce monde sans explication ni motif, puisant en elles-mêmes leur propre raison d'être."

Kundera a une vision de l'amour assez sombre, et pourtant tellement vraie. La jalousie, la possession sont nos moteurs. L'amour, le vrai, est forcément excessif, passionnel, et donc dangereux. Les femmes sont rendues aigries, mauvaises, perdent leur naturel, les hommes sont réduits à la lâcheté et au mensonge.

Il enferme ainsi plusieurs personnages dans sa villes des eaux. Une infirmière banale, qui présente tous les clichés de la jolie fille qui plait, le sait, et veut son ticket pour le bonheur, une jeune femme qui veut affirmer sa féminité aux yeux d'un ami d'enfance, un révolutionnaire en disgrâce qui ne pense qu'à s'enfuir, un médecin utopiste qui veut repeupler la terre, un trompettiste poussé à l'adultère par la jalousie de sa femme, et rendu lâche par l'amour qu'il lui porte, et un touriste américain, clairvoyant, et illuminé.

Mais, la plus pure des vérités de Kundera:

"Le plus grand plaisir de l'homme, c'est d'être admiré"

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Petite visite sur ton blog, qui est tout aussi attirant que ton personnage. Perspicace, intelligent, intuitif, vif, ...
Assez de compliments (déjà que tu oublies de voir les vivants connus qui t'entourent^^).
Si tu veux prolonger ta réflexion sur Kundera et sa vision de l'amour, je te conseil "L'insoutenable légèreté de l'être" que j'ai lu par hasard cette été.
Je fais court, désolé mais le sommeil viens faucher ma pensée même s'il n'est que 19h.