Je refuse d'être "La Dame au Chapeau". Quoique. Elle a le mérite d'être la maquerelle la plus célèbre de France. Pour cela je l'admire. Mais elle ne sait pas choisir ses poules. Je ne veux pas être dame. C'est honorifique, élégant, distingué, même chargé d'admiration, mais dénué de tout mystère, de tout charme sensuel. La Dame est une entité asexuée. Madeleine Forestier Duroy était une Dame. Elle en a oublié d'être femme. Si elle a fait Bel-Ami, elle n'a pas su le garder. Je ferai les deux. Je serai la Femme au Chapeau.

J'ai retrouvé une lettre. Ridicule. Je me suis toujours rêvée héroïne de roman. Peut-être que j'ai orienté ma vie dans ce sens. Cette lettre m'aurait presque convaincue, si je n'avais pas su la regarder de l'oeil du recul. Le roman ne se jouait pas là, pas comme ça. Pas à ce niveau. Dame Enfance, tu me joues parfois les tours de l'innocence.
J'ai dit une fois: "Ma pureté, je l'ai noyée dans les verres de whisky que les autres ont bu à ma place"... Sans doute. Je ne me noierai pas dans l'alcool. Je ne perdrai pas le contrôle de moi. En ça, je serai dame. Mais je m'affiche les weeks-end cocktails à la main... En ça, je vis du paraître. Ca coule dans mon sang, à travers mes gênes. Ca fait partie de l'image que je me suis construite. Ou plutôt, de la vie que je me suis choisie. En dehors des autres. Pour être ce que je veux.
Superficielle? Jamais. Mais j'ai travaillé des morceaux d'image, que j'ai cousu sans harmonie. Le tout est un patchwork surprenant et original. Et par là-même, il fait de moi ce que je suis, une personne naturelle et spontanée. Nourrie, il faut le dire, de ses propres clichés. Il parait que les socialos ont l'esprit ouvert. Le mien est sans doute conditionné par l'idée d'ouverture que j'ai - réellement - et que je me dois d'avoir - pour être la personne que je veux être.
Finalement, le naturel n'existe pas. On se travaille, on se façonne. On crée ses modèles, on suit des objectifs. Et on s'adapte à ce que l'on cherche. Mais cherchons-nous à être ouverts parce que nous le sommes fondamentalement? Je me noie dans mon propre raisonnement. Je suis certaine que derrière la spontanéité - qui est elle-même un trait que l'on se veut avoir ou non - se cache toujours la volonté d'être tel personnage, de se montrer sous tel jour. Mais, dès lors, d'où vient en revanche ce choix? Si je ne suis pas naturellement ce que je suis, pourquoi ais-je choisi d'être telle que, et non pas autre chose? Est-ce parce que, finalement, au fond, mon esprit s'est bâti de la sorte?
Je suis spontanée. Et donc, a priori naturelle. Pourtant, ma spontanéité est mon masque. Je pourrais changer de stratégie, et ne plus être spontanée. Mais je trahirais ainsi ce choix initial, inné, et finalement irréfléchi.
Je m'ennuyais.
Je ne m'ennuie plus.
Derrière la salade mélangée d'intello, d'hystérique, de féministe, de femme forte, d'enfant fragile, de sentimentale, de désabusée, d'idéaliste, de terre à terre, de déjantée, de presque posée, de bobo, de Corse, de Niçoise, finalement, que suis-je vraiment?
Une femme/fille/dame au chapeau, selon les perceptions.
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