2 mai 2007
Critique d'un livre.
"The Namesake ", Jhumpa Lahiri, 2003
Jhumpa Lahiri a reçu le Pulitzer Price (2000). The Namesake est un roman qui a été encensé par la critique, et qui surtout, m’a beaucoup touchée. L’écrivain, une jeune femme Indienne élevée aux Etats-Unis donne, grâce à sa propre expérience, une savoureuse authenticité à sa fiction, entre saris, odeurs de safran, et hamburgers typiquement made in USA.
Plusieurs problèmes identitaires s’enchevêtrent dans cette histoire : celui des origines, et celui de sa métonymie, le nom.
The Namesake raconte 30 ans de l’histoire d’une famille, les Ganguli. Du départ des parents en 1967, jeunes mariés de Calcutta issus des classes aisées, pour le MIT de Boston, où travaille Ashoke, ingénieur, à leurs premières confrontations à cette culture qui n’est pas la leur, on découvre pas à pas le cheminement de l’intégration, la mal du pays, les chocs culturels, dans une Amérique en plein boom économique, dans l’opulence de son American Way of Life et de ses marques emblématiques.
La naissance de leur premier enfant en 1968 est le premier heurt face à ce pays qui n’est pas le leur. En Inde, chaque personne a un prénom officiel, qui apparaît sur ses papiers, par lequel il est appelé dans le cadre professionnel, et un « prénom-surnom » pour sa famille et ses amis. L’administration américaine n’est pas faite pour ça. Le père, adorateur de l’écrivain russe Nikolai Gogol, qui compte donner pour surnom Gogol à son fils, ne comprend pas les registres et en fait son prénom officiel. Ce nom étrange est une aberration pour les Bengalis, puisqu’il n’a aucune signification, et une étrangeté pour les Américains.
On arrive alors au cœur du roman. La place de Gogol Ganguli. Gogol fait un rejet de son prénom qui n’est ni Américain, ni Bengali, parce qu’il ne sait pas lui-même quelle est sa place. Il renie sa culture Indienne, lui qui a été élevé dans une banlieue-type de Boston, par un père professeur au MIT, qui écoute les Beatles, conduit un break Ford, mange du beurre de cacahuète, fréquente une étudiante WASP et s’enfonce inconsciemment, mais volontairement, dans le cliché de l’Américain moyen.
La quête identitaire de Gogol est celle de milliers d’autres enfants d’immigrés, entre deux cultures auxquelles ils se sentent rester étrangers, et qu’ils rejettent souvent tour à tour, alors que leurs parents, eux, se raccrochent à des traditions qui les exaspéraient initialement. The Namesake brosse un tableau très détaillé du mode de vie Indien, mais aussi une merveilleuse fresque de l’Amérique, de la fin des 60’s à nos jours et le propre de chaque immigration. Il a récemment été adapté au cinéma par la cinéaste Mina Nair, et le livre a donc été traduit en français dans le même moment. Néanmoins, on ne fera jamais assez la publicité de la lecture en version originale qui est d’autant plus authentique que chez Jhumpa Lahiri, chaque mot à son importance puisque la logique de l’anglais n’est pas celle de l’indien, et encore moins du français.
Quoiqu’il en soit, c’est un roman que je conseille vivement pour différents aspects : que ce soit le plaisir de sa lecture, les enseignements personnels qu’on en tire, où la mine d’informations dont il regorge sur l’Inde, sur l’Amérique et sur les nouveaux départs.
Victoria Orsini-Martin
http://e.michelangeli.free.fr
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