29 janvier 2007
Critique de film.
"Lost in Translation", de Sophia Coppola (2004)
La mise en scène pastel est légère, aérienne, un peu surannée. Sofia Coppola entraîne le spectateur dans un monde aux tons élégants et légers, tout en transparence, quelque peu mélancolique.
Un homme, une femme, d’âges différents, de milieux différents et de vies différentes, ne partagent que deux choses de prime abord : être Américains, et être perdus dans un pays et qu’ils ne comprennent pas et qui ne les comprend pas, le Japon.
La douceur de l’image au sein de leurs chambres d’hôtel n’en contraste que plus avec l’univers extérieur aux teintes acidulées et agressives. L’énergie des Japonais, la rudesse polie de leur langue et la déferlante d’images vidéo s’opposent au calme des deux Occidentaux.
Les émotions filtrent à travers l’écran. On se sent oppressé, perdu, envahi d’une mélancolie trop prenante. Le monde nous semble alors étranger et lointain… trop sophistiqué, trop violent, trop énergique.
Outre l’histoire, fugace et discrète, de deux personnes qui ne sont pas en accord avec elles-mêmes, Lost In Translation est une mine d’information sur la vie Japonaise et sur Tokyo," ville mondiale".
La vie s’écrit en pixels : que ce soit les écrans publicitaires accrochés aux premiers étages des buildings, les arcades de jeu vidéos, ou les émissions de télé aux présentateurs dopés à la vitamine C (et à d’autres substances inconnues et fortement efficaces), tout, au Japon, passe par l’image. On sent une réelle volonté de la part des habitants du Soleil Levant de mener une vie d’Américain. Ils pratiquent le surf, chantent en anglais sur karaoké, adorent James Bond… Mais ne connaissent pas Sean Connery, ne parlent pas la langue de Wilde, et, surtout, s’écartent totalement de leur modèle, dans leur démesure.
Un mariage traditionnel au détour d’un jardin, calme, silencieux est l’unique et furtive image que Lost In Translation montre du Japon authentique. Elle se heurte de plein fouet à l’occidentalisation à outrance d’un pays devenu royaume de l’extrême et de l’artificiel, comme les faux océans aux fausses vagues pour vrais surfeurs, entre quatre murs, un sol et un plafond. Sofia Coppola se moque tendrement des bizarreries de ces Japonais qui ont plus l’air d’adolescents en crise que de personnes perdues…
Les cinéphiles noteront avec amusement que la publicité que tourne Bill Murray dans le film, rappelle étrangement un certain Marlon Brando, filmé trente ans plus tôt, par un autre Coppola…
Lost In Translation est un film à voir seul avec soi-même, pour capter d’autant plus l’isolement et le dépaysement face à un monde étranger et artificiel…
Victoria Orsini-Martin
Lien - le site officiel du film : ici
http://e.michelangeli.free.fr
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