jeudi 24 janvier 2008

(Le Soleil des Scorta)

Drôle de livre que voilà... Goncourt 2004... Je l'ai aimé, je ne le lui aurais pas attribué. Peut-être suis-je passée à côté de l'essence de ce roman... Je l'ai apprécié. Je me suis accrochée à certaines de ses forces, à quelques phrases tirées de çi, de là. Mais il ne m'a pas bouleversée comme tant d'autres. Il m'a tout juste émue. Il m'a évoqué chez moi...

Des rares choses dont je suis intimement persuadée, en voilà une: nous sommes emprunts de cet idéal collectif identitaire que forment nos origines... Du Sud, j'ai retenu la fierté, la sauvagerie, une étrange mélancolie, sombre, taciturne, paradoxalement désihnibés par les grandes tablées familiales, aux commensaux ivres morts, et ivres de joie. C'est un mythe, très certainement. Ca ne me ressemble pas. Et je m'y retrouve... Conditionnée, comme les autres, par l'Idéal Collectif.

Alors, forcément, les Scorta, leur fierté d'Italiens, leur sauvagerie, leur communautarisme, l'éloge perpétuel de la famille, avant et pour tout, ont interpellé cet inconscient nourri d'images d'oliviers, de Méditerranée, de soleil, de lauriers... J'ai lu ce livre, et je n'en ai retenu pratiquement que ça: l'âme du Sud, qui sonnait si juste, et qui donc forcément sombrait déjà dans la caricature, mais pas tant que ça... Leur famille aurait pu être la mienne. J'aurais pu être l'une des leurs. Et pourtant, ma famille, je l'ignore, je la délaisse, je la vis par intérim... Et je suis emprunte de ces grands principes... Finalement, c'est peut-être ça l'âme du Sud, envers et contre tout, ensemble, dans la représentation... qu'elle soit pour les drames, ou pour les joies...

Ces gens, qui n'avaient pas le courage d'aller contre leur lignée, et qui l'ont portée, comme leur fardeau, à la fois comme leur fierté... Il est facile de se dire déterminer, de croire en l'atavisme, en la malédiction. Il est facile de se dédouaner... Mais il est aussi facile de fuir... Reste à savoir ce qui est le mieux?

Je ne retiendrai qu'une dernière chose: cet attachement viscéral à une terre qu'ils détestent et qu'ils adorent à la fois. On en part, on y revient. Les Scorta disaient que le soleil les faisait vivre... Soit... J'aurais parlé de "ma" mer, mais, en définitive, le bleu de "mon" ciel la conditionne, alors "notre" soleil est peut-être bien la cause de tous ces mythes dont nous nous sommes tous abreuvés.

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