mercredi 2 juillet 2008

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Tout à l'heure, je me baignais dans la rade de Villefranche. Et finalement, j'ai peut-être trouvé ce qu'était le bonheur.

J'étais dans cette eau verte, foncée, et si transparente à la fois. L'eau était lisse, fluide, légére. Je faisais la planche, et je laissais le courant me bercer. Les collines qui entourent la rade me donnaient l'impression d'être prise dans un bassin géant, qui, dans mon dos, s'étendait à l'infini. Les pins, verts, piquetés de marron, de prune couraient le long du ciel. Ce ciel d'un bleu parfaitement opaque, parfaitement uni. Tellement uni qu'il en devient inquiétant de perfection. Aucune nuance, aucun reflet ne vient le troubler. Des bougainvilliers éclairaient cette végétation sourde, partout, et les maisons, ces taches d'huile claire coloraient le paysage.

Dans l'eau, je me laissais glisser. J'avais l'impression de n'être qu'une plume. Je ne sentais même plus l'eau. J'avais l'impression d'être dans le vent. De le laisser me porter. De voler... Le bruit de l'eau qui léchait la rive de gravillons était délicieusement gourmand. Je me souviens du léger cliquetis de ma chaine d'or au poignet à chaque mouvement de mon bras. Ce petit cliquetis frais et musical...

C'était juste beau, et l'espace de quelques secondes, j'ai oublié que j'étais rentrée à Nice à reculons.

2 commentaires:

etudiant a dit…

N'ayant pas le talent d'un critique, ni l'audace d'un penseur, il me faut retrouver ces quelques mots de Paul Valéry pour te montrer comme je considère ta prose. Absolument tout, dans ce que ce génie propose à la lecture et à la réflexion, est indispensable à l'écrivain.

" La poésie est l'ambition d'un discours qui soit chargé de plus de sens, et mêlé de plus de musique, que le langage ordinaire n'en porte et n'en peut porter. Rien de plus simple à concevoir que le désir d'accroître indéfiniment cette charge de merveilles, qui se superpose, ou se substitue, à la charge utile du langage. Mais cet accroissement a des limites qui s'atteignent aisément ; l'équilibre qu'il faut maintenir dans le lecteur, entre l'effort qu'on en exige et les forces qu'on lui suggère, ne demande qu'à se rompre. L'obscurité, d'une part ; l'inanité, de l'autre ; le vague excessif, l'absurde, la singularité personnelle exagérée, tous ces dangers qui ne cessent de veiller étroitement autour des ouvrages de l'esprit menacent spécialement les poèmes et les sollicitent vers les abîmes de l'oubli. Ils succombent assez souvent à la propre masse des beautés qu'on voulut y mettre, et sous le noble faix des intentions et des ornements. L'avenir, quelquefois, se heurtera dans leurs décombres à d'incomparables débris. On ramassera les plus beaux vers du monde dans ces ruines, où il s'en trouve de si purs qu'il fallait bien que pérît autour d'eux tout le reste de l'édifice ...

La poésie comporte donc de grands risques, sans lesquels elle n'existerait pas."

La citation est longue mais nécessaire (et très plaisante à lire). Depuis longtemps je parcours régulièrement ton blog, je me tiens informé des nouveautés, et, comme de nombreux anonymes, n'osais pas intervenir jusqu'alors. Je profite de ce dernier écrit pour te faire part de mes impressions.

J'apprécie l'effort que tu portes à l'esthétique du verbe, sans en étouffer le sens, mais je regrette cette propension à la déclinaison des figures et des concepts (plus périlleux encore). C'est pourquoi j'ai appelé Valéry à mon secours pour te dire, le plus simplement j'espère, de ne pas hésiter à trancher. Tu as des choix à faire, et tu hésites encore.

Ces dernières pensées voulaient écrire la légèreté. Elles subissent malheureusement la peine, et sentent le labeur. La volupté, telle que tu la traites ici, appelle la liberté de parole. Alors ose !

J'ai endossé un habit qui ne me convient guère ; celui de critique (que je méprise par ailleurs). Or je ne suis pas en mesure de conseiller quiconque pour un travail que je ne saurais faire. Je sais juste, comme les profanes, l'apprécier simplement.

Bravo et bon courage pour la suite Ahmose ! Etudiant (dans ta faculté d'ailleurs ... )

(PS : j'ai peut être posté deux fois, une erreur d'identification je sais pas trop quoi ... je me suis inscrit spécialement pour écrire ce message, alors je découvre le système ...)

Ahmose a dit…

Cher anonyme, je te remercie pour l'attention que tu portes à ce que je peux écrire, et encore plus à ce que je pourrais écrire par la suite. Je prends note de cette merveilleuse citation, qui je l'espère servira un jour l'hypothétique concrétisation de mes chimères que j'ai fixée.

Néanmois, je crois bon de te préciser que ne me sachant pas lue (et n'y attachant finalement pas un intérêt fondamental), et n'étant pas de nature assidue, tout ce que j'écris ici n'est que le fruit d'un jet impromptu de parole, sans relecture, ni correction. Et ceci dit, c'est comme ça que j'aime ces petits bouts de réflexion immédiate. Ce que j'écris au sens noble du terme écrire (bien que ma maigre participation à l'Ecriture ne puisse être qualifiée de noble), je le cache bien loin des regards étrangers.

Nous croiserions nous un jour dans le Grand Hall, tu saurais que je te suis reconnaissante de cette participation à mes ersatz littéraires, et que je te crois pour bon critique, bien que visiblement trop timidement porté à la critique négative, qui s'avère être positif au critiqué.

Bonne nuit.